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Franck Monnet

Il a choisi de vivre aux antipodes de Paris, dans un petit bout de terre face à l'océan pacifique. Et après huit ans de silence, Franck Monnet, orfèvre d'une pop raffinée, présente son nouveau disque Waimarama conçu entre Paris et Paekakariki (Nouvelle-Zélande). Réalisé par Edith Fambuena (Daho, Higelin, Bashung…), Waimarama frappe par la précision et l'intimité de ses climats, inscrivant Franck Monnet au coeur de la scène d'aujourd'hui ; libre, décomplexée, vagabonde et touchante.

bio complète

Waimarama (2014)

Après huit ans d’absence, celui qu’on a surnommé « le dentellier de la pop » brise le silence.

Evidemment, il serait pratique de présenter ce nouvel album de Franck Monnet avec des

formules à l’emporte-pièce : « le meilleur chanteur français de Nouvelle-Zélande », puisqu’il a

choisi d’y vivre ; ou encore : « l’album de la maturité », étiquette à laquelle semblent condamnés

tous les plus de 35 ans. Mais cela ne retiendrait que l’anecdotique en passant à côté de

l’essentiel. Et l’essentiel, quel est-il ? Que Waimarama, nom d’un petit paradis face à l’océan

pacifique, confirme son auteur parmi ces voix masculines qu’on écoute en fermant les yeux.

Il n’est presque pas besoin de présenter notre homme, il se prête lui-même à l’exercice dans

l’une de ses nouvelles chansons (Sans John) : « Il est né au Mans dans les années 60 / Il a

passé sa vie à ressasser son enfance / Petit-fils de paysan et fils de fonctionnaire / Maintenant

vous savez tout de ce quadragénaire ». Sa modestie oblige à préciser qu’en plus d’être un

auteur-compositeur-interprète accompli, il est un parolier adoubé, notamment par Vanessa

Paradis ou Claire Diterzi. On les comprend. D’autant qu’avec le temps, son écriture ne cesse

de gagner en limpidité. Sur ce nouveau disque, elle est directe et fluide comme jamais et

gagne en émotion.

Franck Monnet n’a rien à cacher... et d’ailleurs il ne fait rien pour ! Musicalement Waimarama

s’inscrit sous le signe du dépouillement, qui n’a jamais été synonyme d’austérité : des cuivres

et des cordes viennent ponctuellement habiller ses mélodies ciselées d’une main d’artisan,

comme c’est le cas sur Quelqu’un ou Ton Héros. Orfèvre d’une pop raffinée, il est de ceux

qui savent faire le pont entre le souci du texte et celui du son. Ce n’est pas un hasard si, en

écoutant Waimarama, vous pourrez surprendre des inflexions qui rappellent aussi bien Ray

Lamontagne que Piers Faccini. Ils sont faits du même bois : celui qu’on patine à force de

caresser.

De quoi parle Waimarama ? De la douceur de vivre, que le chanteur définit par une formule

qui lui ressemble : la « nostalgie du présent » (Différents). Des bonheurs simples donc,

comme celui de se glisser dans « un anorak pour deux », ou de contempler des hanches

nues (Plus rien à me mettre) ; mais aussi des moments plus délicats dans la vie d’un couple,

des conversations qui — selon son expression — « font un peu mal aux dents ». Ou encore

d’exil, d’éducation, de tout ce dont nos vies sont tissées. Waimarama respire l’humilité. Qui

n’a jamais été synonyme de facilité : quand l’auteur chante « Le mépris des gens je pourrai

m’y faire / Mais le dégout de soi-même jamais » (Quelqu’un), il n’est plus à douter qu’il a fait

de l’exigence sa ligne de conduite. Il n’y a qu’à voir la manière dont il travaille la langue pour

s’en persuader. Ou même écouter la précision avec laquelle il interprète ses textes, jouant de

toutes les nuances de sa voix.

Les chansons qui composent Waimarama ont été écrites et pré-produites entre Paris et

Paekakariki : une période de transition qui a vu le chanteur à la fois devenir père et sortir de son

dandysme parisien pour s’établir en Nouvelle-Zélande. Elle a été endeuillée par la disparition de

la chanteuse Lhasa, à laquelle le titre Les Faons est dédié. La suite de l’enregistrement a eu lieu

en petit comité à Paris et au studio de la Fabrique, à Saint-Rémy de Provence, en 2013. Edith

Fambuena l’a réalisé (Alain Bashung, Etienne Daho, Jacques Higelin...). Elle a eu la mission

délicate de draper les chansons sans qu’elles aient l’air trop habillées. Elle est responsable du

climat, des profondeurs de son, des samples discrets.

Enfin, quatre chanteuses sont venues lui donner la réplique : Pauline Croze et son timbre

cristallin sur Quelqu’un ; Jeanne Added et sa voix puissante aux choeurs, rejointe sur Waimarama

par Lisa Tomlins, chanteuse māori. Également Camelia Jordana qui pose son groove sensuel

sur le duo Plus rien à me mettre.

Franck Monnet est un chanteur discret. Trop, peut-être. Mais qui passe un cap avec

Waimarama. Pas le cap Farewell, sur l’île du Sud de la Nouvelle Zélande ; ni le cap Reinga, sur

l’île du Nord. Le cap d’une carrière singulière qui va forcément le mener dans la lumière.

real: attitude & C.Sauvage